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Portrait d’Elena Cornaro Piscopia par Pieter van Schuppen, Pierre Lombard et Luigi Gradenigo, 1668-1702, Rijksmuseum d’Amsterdam​

Elena Cornaro Piscopia, la première femme diplômée de l’Histoire​

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Le 25 juin 1678, il y a 342 ans, Elena Cornaro Piscopia devenait la première femme a obtenir un diplôme universitaire, et quel diplôme, un doctorat en philosophie s’il vous plaît ! Ingeniosus vous a concocté un article aux petits oignons pour découvrir cette femme d’exception en 3 min top chrono !  

Portrait

Elena nait dans une importante famille de Venise, dont l’une des représentantes fut quand même reine de Chypre, voilà. Son père, qui aurait été un ami de Galilée, rien que ça, remarque très tôt ses épatantes dispositions intellectuelles et lui fournit une éducation d’excellence.
Elle joue de nombreux instruments, apprend à parler plusieurs langues (pas moins de sept d’après certaines sources), s’intéresse aux sciences, à la philosophie et à la théologie (elle entre d’ailleurs dans l’Ordre Bénédictin à l’âge de 19 ans).
Après plusieurs années d’études poussées en philosophie et théologie justement, les membres de l’université de Padoue recommandent qu’elle en soit diplômée. Mais, mais, mais, c’était sans compter le cardinal Barbarigo, évêque de la ville et, manque de pot, chancelier de l’université, qui s’oppose à son obtention du titre de docteur en théologie parce que… et bien… c’est une femme. Non, vous ne l’aviez pas du tout vu venir.

Bon, un arrangement est finalement trouvé qui lui permet, à 32 ans, d’obtenir le grade de docteur en philosophie, bien qu’elle n’ait pas l’autorisation d’enseigner. Évidemment. Et pour la théologie me direz-vous ? Bah on repassera aussi.

Soyons clair, la situation des femmes à Venise au XVIIe siècle n’est pas tellement plus brillante qu’ailleurs.
Cette reconnaissance, Elena ne la doit pas uniquement à ses extraordinaires capacités (même si déjà avant l’obtention de son diplôme, son érudition l’avait tant précédée qu’elle était connue hors d’Italie et que certains notables n’hésitaient pas à faire le déplacement pour la rencontrer). Sa distinction est aussi le produit de son contexte familial privilégié : originaire d’une famille noble et fortement soutenue par son père, haut magistrat de sa fonction, elle a pu non seulement recevoir l’éducation propice à son épanouissement intellectuel mais également avoir un appui de poids pour mettre les pieds là où elle n’avait pas été invitée.
On rajoutera même que certains biographes estiment qu’Elena aspirait à une vie calme et retirée et que c’est en réalité l’ambition de son père qui la poussa à obtenir son doctorat.
Elle consacrera la fin de sa courte vie à venir en aide aux défavorisés, parce qu’être douée c’est cool mais être généreux ça l’est encore plus.

Pour terminer sur une note en demi-teinte, son cas a peut-être fait exemple en Italie puisqu’au XVIIIe siècle, on distingue académiquement quelques femmes pour leur juste travail, bien que cela soit toujours exceptionnel. On peut citer Laura Bassi en 1732 ou encore Maria Amoretti en 1777.
Et dans les autres pays d’Europe occidentale ? Il faudra plutôt attendre le XIXe siècle.

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